L'orgue "nouveau-classique" de Pascal Quoirin

« Je souhaite construire un orgue dans la manière du style classique sur lequel on ne fera pas l’impasse sur une tranche importante de la littérature d’orgue. Cette littérature, c’est celle du XXème, qui, en réalité, a été créée sur des orgues que l’on appelait néo-classiques, terme auquel je substiturais volontiers maintenant le préfixe « néo» par celui de « nouveau». Est-ce que les facteurs d’orgue peuvent faire l’impasse sur soixante dix ans de musique ? Il y a quelque chose dont on n’a pas l’équivalent. Nous avons beaucoup plus de musique pour l’orgue de cette période en France qu’au XVIIIème ou qu’au XIXème siècle, il faut donc bien construire un instrument qui permette de la jouer. Comme Beethoven ou Jean Sébastien Bach, les compositeurs de l’époque néo-classique n’ont pas réellement disposé, je crois, de nouveaux timbres. Les compositions des orgues néo-classiques établies souvent par ces organistes n’ont rien d’aberrant.  

 

 
 

 

Elles sont issues en fait d’un plan symphonique auquel on ajoute des composants de l’orgue classique.                                  
 Cette démarche a surtout été contestée au niveau des restaurations d’orgues historiques, on peut aisément le comprendre. En revanche, des instruments néo-classiques neufs issus de ce courant esthétique subsistent encore. Si on ne les apprécie guère aujourd’hui, c’est qu’ils ne pouvaient bénéficier de l’apport considérable de connaissances que la pratique des restaurations scrupuleuses de ces 35 dernières années a apporté aux facteurs d’orgues d’aujourd’hui. « Pour l’orgue symphonique, le principe retenu est celui de l’accumulation des timbres et d’énergies pour obtenir de plus en plus d’intensité jusqu’au tutti. Pour l’orgue baroque, le principe, c’est plutôt la fusion des timbres, c’est un concept opposé à celui de Cavaillé- Coll. Ce concept de la synthèse, tel qu’il se trouve développé dans l’orgue classique français jusqu’au XVIIIème siècle est celui que je retiens.  >>suite